Maintenant qu'il pleut plus que jamais [Kyrïe] - TERMINÉ

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Il y a des jours qui sont des journées agréables, du début à la fin. On se lève de soi-même, puis on prend un bon bain dans une ambiance sereine et calme. Ensuite alors qu’on se dirige vers la cuisine afin de se sustenter, on croise un ami, avec lequel on discute et rigole jusqu’aux portes du paradis alimentaire. S’en suit alors une discussion endiablée sur les avantages d’une lance contre une épée. Après un repas tout en émotion et rires, on se dirige vers l’écurie pour prendre en main son cheval et faire une belle balade dans la campagne rayonnante d’Emeraude. Rentrer après un repas frugal constitué de baies sauvages, puis ensuite rigoler avec ses amis, lancer une blague salace à une de ses amies, et aller se coucher en compagnie d’un bon livre, ou d’une femme, tous deux de bonne compagnie.

Tout ceci est le contraire de la journée d’Halfdan.

Il se leva, non pas de son propre accord mais à cause d’un maudit poulet qui voulait faire le beau dans la basse-cours. Heureusement pour lui, il s’est tu avant que Halfdan ne puisse aller le tuer lentement, et en le faisant bien souffrir. Tout le monde savait que Halfdan était de tout sauf du matin. Non pas qu’il avait besoin d’énormément de sommeil, c’est juste qu’il n’aimait pas se réveiller trop tôt. Quand il se dirigea grognard vers les bains, la seule compagnie qu’il eut fut les servantes qui ne purent s’empêcher de pouffer de rire en le voyant. Etant encore en plein sommeil, il ne fit rien. Arrivé devant les bains, il passa directement dans le mur, et arriva nez à nez avec un miroir. Là, un grognement sortit de sa gorge en voyant l’état de ses cheveux. On aurait dit un casque autour de sa tête.

-C’est définitif, je ne dors plus avec la tête sous l’oreiller.

Il se glissa dans l’eau et ferma les yeux, appuyant sa tête contre le rebord. Alors qu’il commençait à somnoler, deux de ses frères d’armes arrivèrent – il ne les nomma pas pour peur qu’ils se retournent vers lui. Halfdan sortit alors prestement du bain et partit incognito de la pièce. Il se dirigea, tout beau tout propre vers la cuisine pour se faire rembarrer par une cuisinière qui l’engueula pour être venu si tôt. Penaud, Half se dirigea vers l’écurie afin de seller un cheval et aller se défouler dans la campagne d’Emeraude. Arrivé à l’écurie, le seul cheval disponible était Bison, qui était incroyablement têtu et avait tendance à foncer vers la personne l’offusquant. Réfléchissant vite fait, et voyant que le rapport bénéfice-risque de l’entreprise penchait plutôt vers le risque, Halfdan se résolut à aller se balader à pied.

Une fois hors des portes, alors qu’il se dirigeait plein d’entrain, un véritable déluge s’abattit sur lui. Se passant une main sur le visage afin de cacher sa mine dépitée, Halfdan courra se réfugier dans le château. Arrivé à sa chambre, il se sécha si mal qu’au final il n’arrangea rien et mis une nouvelle tunique. Il se mit les cheveux en arrière comme à son habitude et se rendit à la bibliothèque, là où il espérait avoir un peu de calme. Après tout, l’odeur des livres anciens avait une certaine attirance pour le jeune homme et le don de calmer ses plus grandes colères. Quoi qu’une belle rasade de fraise faisait aussi bien l’affaire.

Dans la bibliothèque, le jeune homme trouva un livre assez ancien parlant de la coupure des royaumes, et s’assit à la chaise près de la fenêtre, laissant la pluie tambouriner sur la vitre. Alors qu’il avait un livre devant lui, Halfdan posa sa tête contre la fenêtre et laissa ses pensées vagabondées, rythmées par le bruit que faisaient les gouttelettes d’eau.

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« Il pleut ! Il mouille ! C’est la fête à la grenouille ! Hahaha. »

Comme il était agréable d’être un bambin ! Pouvoir sauter dans les flaques d’eau dans des « splash », « plouf » et autres onomatopées liés à l’eau, tout en chantant cette petite comptine bien niaise… Adossée contre une poutre de la grange sous laquelle elle s’était réfugiée, Kyrïe regardait d’un air distrait le dit gamin qui s’amusait sous la plus. Du moins, jusqu’à ce que sa rabat-joie de mère ne vienne le chercher pour le mettre au sec. Déçue pour le petit garçon et n’ayant plus rien qui puisse attirer son attention dans la cours désormais recouverte d’une fine pellicule d’eau, Kyrïe décolla son dos de la poutre en bois et cacha le livre qu’elle tenait dans la main sous sa chemise avant de s’élancer sous la pluie pour rejoindre une des entrées qui menaient à l’intérieur du château.

Si ce n’était la présence du livre, la jeune femme aurait pris tout son temps pour faire le chemin qui séparait la grange de l’entrée. Mais étant donné qu’elle avait déjà subi quelques réflexions vis-à-vis de l’état dans lequel elle avait ramené certains livres de la bibliothèque, Kyrïe avait décidé de ne plus s’attirer l’ire de la personne qui s’était octroyer le rôle de bibliothécaire. Pas qu’elle en portait un quelconque intérêt, mais elle avait un certain ras le bol de l’entendre chouiner dès qu’il la voyait rendre un livre… Surtout qu’ils n’étaient pas SI mal traités que cela ces bouquins ! Une petite tâche d’eau par ci pour l’un, un tâche de terre ou d’herbe pour l’autre… Rien qui mette la survie du livre en danger ! Ce nain (parce-que selon Kyrïe, c’était un nain vu que son crâne dégarni n’arrivait qu’en dessous de son épaule) exagérait !

Marchant lentement mais surement vers le seul lieu intérieur où elle avait pris l’habitude de se réfugier – si on ne comptait pas sa chambre- Kyrïe retira le livre de sa protection et elle le rouvrit doucement pour lire la dernière page alors qu’elle ouvrait la porte de la bibliothèque. Par réflexe son regard chercha le nain et elle se déporta vite fait bien fait sur la droite pour qu’une des grandes étagères pleines de livres et parchemins, cache sa présence au cas où sa Némésis des lieux faisait son apparition. Ses yeux caressèrent à peine le mot final qu’un bruit sourd retentit, signe qu’elle venait de fermer le bouquin. Elle parcourut les rayons afin de le remettre à sa place originelle et se saisit de son voisin. Elle ne regarda même pas la couverture usée ni les lettres d’un doré délavé annonçant le sujet dont traitait l’ouvrage. Deux grandes barres verticales lui indiquaient assez clairement qu’il s’agissait d’un « volume II » et de ce fait de la suite de ce qu’elle venait de finir de lire.

Son occupation des prochaines heures entre les mains, la grande brune se dirigea ensuite là où elle avait pris l’habitude de s’installer. À côté de la fenêtre. Manque de bol, il y avait déjà un occupant à cet endroit-là. Kyrïe n’était pas surprise de voir Halfdan ici. Cela faisait des années maintenant qu’ils ne cessaient de se croiser en ces lieux. Silencieux, chacun le nez plongé dans son livre. Du moins jusqu’à ce que son frère d’arme ne se lasse de cette quiétude. Chose peu habituelle, il n’était pas en train de lire, mais de rêvasser, le regard perdu et la tête posée contre la fenêtre. Un instant, la jeune femme hésita. Pas que la présence d’Alf ne la dérange, mais si elle s’installait, elle ouvrirait la fenêtre comme à son habitude, mais vu le temps maussade de l’extérieur, elle ne pensait pas que son frère d’arme apprécie ceci. Se résignant, elle s’apprêtait à tourner les talons lorsqu’une voix nasillarde s’éleva derrière elle et la fit de suite soupirer d’exaspération.

« J’espère que vous ne comptez pas emmener ce livre sous ce déluge ! »

Se tournant vers le « nain », son expression reflétant exactement ce qu’elle ressentait sur le moment, à savoir un certain degré d’agacement, elle répondit avec la même inimitié :

« En fait je comptais le laisser tomber depuis la fenêtre pour voir quelle trace il laisserait dans la boue en contre-bas. Ensuite je ferais la même chose avec un autre livre, pour voir s’il fait la même trace et… »

« C’est cela… Moquez vous ! »

« Me moquer ? Ce n’est vraiment pas dans mon naturel. » Dit-elle de la manière la plus blasée qu’elle puisse le faire.

« Dans quel état est revenu votre précédente lecture ? »

« Et si vous alliez voire par vous-même ? Rangée du fond, cinquième étagère. Vous devriez vous dépêcher. Plus vite vous irez voir, plus vite vous serez rassuré et plus vite je serais moins exaspérée. C’est gagnant, gagnant. »

Les narines frémillantes, le regard courroucé, les lèvres pincées, le pauvre homme se retint de répliquer et tourna les talons pour voir de quoi il en retournait. S’il trouvait la moindre chose, Kyrïe allait passer un sale quart d’heure… Mais heureusement pour elle, elle avait bien fait attention ! En règle générale, elle ne manquait pas autant de respect vis-à-vis d’autrui, mais ce petit homme avait le don de lui taper sur les nerfs. Et la réciproque devait être juste aussi…

Laissant échapper un long soupir, elle se retourna et se dirigea finalement vers Halfdan qui avait dû observer tranquillement toute la scène. Une fois proche de lui, elle laissa tomber le livre sur la petite table, et se pencha pour ouvrir la fenêtre.

« Désolée mais il me faut de l’air frais. Ça sent trop le rat par ici… »

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Les pensées du jeune homme, qui n’étaient pas des plus intéressantes, arrêtèrent de vagabonder quand Kyrïe arriva, tout aussi trempée que lui. Ses sens l’avaient sentit arrivé, surtout suite au bruit que son livre avait fait en se fermant, mais le jeune homme était trop fatigué pour bouger et montrer qu’il l’avait vu. De toute façon, il savait qu’elle allait soit se diriger pour lui à côté de la fenêtre ou alors tourner les talons pour rejoindre sûrement sa chambre. Après tout, Halfdan lui avait volé sa place de prédilection. Halfdan savait aussi que la jeune femme aimait profiter d’air frais quand elle lisait, et s’était assis ici pour avoir le contrôle de la fenêtre. Pas question de l’ouvrir, avec ce temps horrible ! Et puis il faisait vraiment trop froid. Alors que Kyky – comme il l’aimait l’appeler, ce qui bien sûr n’était pas au gout de la plus jeune- tournait les talons, le jeune homme en profita pour sortir de son état comateux et se frotter les bras afin ramener un peu de chaleur à son corps.

La voix du bibliothécaire se fit entendre, rouspétant la jeune femme sur le livre qu’elle avait apparemment emprunté récemment. Un sourire moqueur étira les lèvres d’Halfdan. Pour les gens qui avaient pour résidence secondaire la bibliothèque, le nain était l’unique raison pour laquelle le lieu n’était pas la résidence primaire. Il habitait entre les rangées, et il était difficile d’entrer et sortir sans qu’il ne s’aperçoive de rien. Heureusement pour Halfdan, ses pouvoirs lui permettaient d’entrer et de ressortir incognito. En effet, il lui arrivait souvent de passer entre les murs afin d’arriver toute suite à la section l’intéressant. De plus ce pouvoir était très pratique quand il s’agissait de perdre le nain dans le labyrinthe communément appelé la bibliothèque.

Tournant la tête vers les deux autres âmes dans la bibliothèque, le sourire de Halfdan ne disparût pas et il suivit avec attention la joute verbale entre les deux protagonistes. En secouant vaguement la tête, Halfdan se dit que la jeune femme ne connaissait vraiment pas le sens du mot « tact ». Mais bon il fallait avouer que cela l’a rendait très amusante. Et puis le nain le méritait à juste titre. Alors que Kyrïe approchait, Halfdan leva un sourcil, éloignant le livre qui était devant lui.

-Alors comme cela, ton passe-temps est de rendre fou ce pauvre homme. Eheheh, je ne te croyais pas si cruelle.

La lueur amusée dans les yeux se transforma vite en surprise quand la jeune femme commença à ouvrir la fenêtre. Du haut de sa grande taille, Halfdan put se lever rapidement et ferma tout aussi rapidement la fenêtre, en lançant un regard courroucé à sa sœur d’arme. Ses lèvres se pincèrent, son front se plissa et il se retrouva vers Kyrïe.

-Tu tiens réellement que j’attrape la mort ? Ouvrir la fenêtre par ce temps ? En fait si, tu es cruelle !

Malgré le fait que la fenêtre n’avait été ouverte qu’un lapse de temps assez réduit, un courant d’air frais s’était propagé où les deux comparses se tenaient. S’asseyant de nouveau, Halfdan essaya de se tenir un peu plus chaud, grommelant sous ses dents serrées.

-Pourquoi, par tous les dieux, ais-je quitté le désert ? Je hais la pluie.

Se sentant de nouveau un peu plus humain et moins un géant de glace, Halfdan leva la tête vers son amie, et laissa ses lèvres s’étirées en un sourire paresseux, lui faisant comprendre de lui pardonner son courroux de toute à l’heure. Si parler ne le dérangeait pas, Halfdan préférait exprimer des sentiments comme l’excuse en modifiant son visage. La jeune femme devait savoir qu’il était frileux, après tout elle l’avait déjà vu à la bibliothèque avec des couvertures en hiver, quand il faisait un froid glacial-à-mourir-ce-n’est-pas-permis-de-vivre-dans-de-telles-conditions pour Halfdan ou encore un petit vent frisquet pour les autres.

Le sourire devint un peu plus malicieux, quand le jeune homme se remémora la dernière phrase de Kyrïe.

-J’espère que ce n’est pas moi quand même le rat. Je pensais qu’on s’entendait plutôt bien…

Regardant quelques secondes par la fenêtre, laissant ses doigts jouer avec la couverture du livre devant lui, Halfdan se retourna de nouveau vers sa sœur d’arme.

-Est-ce que tu as une idée où se trouvent les autres ?

Après l’horrible journée qu’avait passé le jeune homme, il pourrait apprécier un diner en compagnie de tous ses frères d’armes. Un peu d’amusement ne faisait pas de mal à personne, et il est vrai que cela faisait longtemps qu’il n’avait pas joué de farce sur Azer. Il se devait de remédier à cela. Après tout, il ne devait pas faillir à sa réputation. De plus c’était très amusant de le voir se dandiner dans tous les sens, on oublierait presqu’il est le fils ainé du roi qui les accueillaient dans ce château. Posant maintenant son regard sur le livre de la jeune femme, Halfdan dut tourner la tête selon un certain angle pour apercevoir le titre qui dépassait des doigts de son amie. Quand il ne put pas le lire, il releva la tête, eut un sourire et leva un sourcil, lui demandant tacitement ce qu’elle lisait.

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Trop déterminée à ouvrir la fenêtre, Kyrïe n’avait pas fait attention à ce que Halfdan lui avait alors dit en la voyant s’approcher. Il lui sembla tout de même entendre le mot « cruelle », mais elle n’y porta aucune attention. Si cela se trouvait c’était simplement un mot que le nain avait lâché à forte voix dans son dos. Et étant donné que la jeune femme n’était pas du genre à porter une grande importance à ce que les gens pensaient d’elle, elle y avait fait encore moins attention. Réflexion ou non sur ce sujet, elle se laissa surprendre par la réaction vive de son frère d’arme qui se jeta littéralement sur la fenêtre afin de fermer celle-ci alors qu’elle était à peine entrebâillée d’un ou deux centimètres. Prise de cours par le geste mais aussi la proximité soudaine de son frère d’arme, Kyrïe resta figée un instant alors qu’il lui reprochait le geste. Finalement le mot « cruel » avait bien était prononcé ! Pas par le nain cependant, mais par Halfdan. Par défaut, elle chercha pourquoi il lui tenait ces propos et se fut lorsqu’il se fut rassis et qu’il eut maugréé une nouvelle phrase, qu’elle tilta. Comment avait-elle pu zapper la frilosité de son frère d’arme ? Enfin frileux… « Il n’aimait pas le froid », ce qui -selon lui- était complètement différent, ce qui ne l’était évidemment pas pour Kyrïe. Elle avait toujours trouvé cela amusant, bien qu’elle ne l’a jamais réellement montré.

Lorsqu’il lui adressa un sourire désolé, sans doute pour s’excuser de son court courroux, elle se contenta de hocher légèrement la tête pour signifier qu’elle ne notait pas l’action. En tant que personne normale, ou du moins, socialement normale, la jeune femme aurait répondu au sourire malicieux de son confrère, mais elle se contenta de répondre d’un air neutre, tout en s’occupant de pousser du pied la chaise en face de lui pour l’orienter dossier vers les étagères et vue sur la fenêtre. Elle ne voulait tout simplement pas, ne serait-ce qu’entre apercevoir le nain lors de sa lecture.

« Bien, bien… Tout est relatif. Mieux qu’avec d’autres c’est certain. »

Si la réponse pouvait paraître brutale et dénuée de toute sympathie, les personnes connaissant Kyrïe, notamment Halfdan dans le cas présent, savaient désormais reconnaître le ton désinvolte avec une pointe d’amusement qui était la manière la plus habituelle de Kyrïe de ne pas être prise sérieusement. Sa manière à elle de lancer quelques petites piques par moment. Dans un certain sens, son frère d’arme n’avait pas tort. Si on comparait avec la plupart des leurs autres frères et sœurs d’arme, elle s’entendait relativement bien avec lui.
Se déplaçant pour poser un genou sur la chaise en bois, elle répondit à une nouvelle question du grand homme.

« Je ne sais pas. Sans doute cloîtrés quelques part dans le château. Avec ce temps, cela m’étonnerais que l’un deux se soit lancé dans une activité à l’extérieur. Mes avis que le repas risque d’être servit plus tôt aujourd’hui… »

Pourquoi ? Parce que justement ils se retrouvaient tous à l’intérieur à ne rien faire et sans doute à s’ennuyer. C’était devenu une habitude. Le repas était servi plus tôt, mais durait en général bien plus longtemps, les jeunes gens en profitant pour passer du temps tous ensembles. Entre discussions sérieuses et blagues (en générale initiées par Halfdan en personne), il s’agissait de bons moments. Du moins jusqu’à ce qu’elle se lasse. Mais cela était un autre sujet.

Lorsque le frileux essaya de lire le titre de son livre, elle pencha elle-même la tête en fronçant les sourcils, ne comprenant pas de suite pourquoi il faisait cela. La scène devait être drôle d’un certain point de vue. Réponse à sa question silencieuse, Kyrïe déposa le livre sur la table pour que son frère d’Arme puisse lire le titre de ce dernier, « À la poursuite du savoir » – Tome II. Un titre qui pouvait annoncer bon nombre de genres de textes. Il s’agissait en fait du récit qu’avait écrit un érudit d’une époque désormais lointaine au sujet de la magie et de tout ce qui avait un rapport avec les êtres célestes. Le Panthéon et tout le tintouin. En fait elle lisait plus par curiosité que par réel intérêt.

Laissant le livre à la disposition d’Halfdan s’il voulait le feuilleter, Kyrïe s’assit finalement étirant ses jambes devant elle, le regard tourner vers la fenêtre à son tour. Il était vraiment dommage qu’elle ne puisse pas l’ouvrir… Ses pensées se tournèrent vers l’enfant qui avait joué sous la pluie juste plus tôt. Au final, elle aurait peut-être dû rester dehors… La pluie ne la dérangeait pas elle… Et elle ne serait pas forcément tombée sur le nain. Poussant un long soupir, elle s’étira sur sa chaise et s’Accouda d’un bras sur la petite table, lançant un coup d’œil à son compagnon de lecture pour voir s’il en avait terminé avec l’analyse du bouquin. Même si cela avait été le cas, elle ne s’en serait pas de suite emparé. En fait, elle n’avait plus trop envie de lire dans l’immédiat. Du même ton désinvolte qu’elle avait employé avant, elle reposa ses iris bleu-vert sur son frileux de frère d’arme.

« Qu’est-ce que tu as prévu pour le repas ? »

Elle ne parlait évidemment pas des plats, Halfdan n’ayant aucun lien avec ce qui leurs seraient servis, mais bien des farces dont il avait le secret et qui avaient le don de provoquer l’hilarité ou le courroux, c’était selon, des autres. Elle n’était pas non plus certaine qu’il partage ses plans avec elle, mais qui ne tente rien, n’a rien non ?

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Suite à la déclaration de Kyrïe sur leur amitié, Halfdan ne put s’empêcher de laisser échapper un petit rire. Il connaissait la jeune femme depuis longtemps, et il savait qu’il ne fallait pas se vexer de ses remarques, et que de toute façon les gestes avaient plus d’importance que les mots. Et puis le ton de sa sœur d’arme était assez équivoque et Halfdan appréciait l’humour assez particulier de son amie. Les deux jeunes gens se connaissaient depuis qu’ils s’étaient rencontrés dans la bibliothèque, alors que le jeune homme peinait encore à apprendre à lire et à écrire. Ayant été élevé dans une famille royale, Kyrïe n’avait pas eu ce problème et pourtant elle avait été un réel soutient, les deux amis discutant souvent à propos des livres récemment lu, ce qui aida Halfdan à lire plus souvent et donc à apprendre plus rapidement.

A la pensée du repas que prenaient ensemble les futurs Chevaliers, le sourire d’Halfdan devint plus espiègle qu’heureux. L’amusement était plus que présent lors de ces repas collectif, et c’était un dès moment préféré dans la journée du jeune homme. Il aimait observer ses camarades dans une ambiance un peu moins formelle que lors des entraînements, où des personnes passaient et les regardaient. Lors des repas, ils n’avaient pas à être les futurs Chevaliers d’Emeraude, juste des jeunes adultes. Même si Halfdan était en réalité l’ainé, ayant deux ans de plus que la moyenne presque, il était aussi le plus farceur. Son professeur de magie, qui leur avait enseigné de 5 ans à 12 ans, avait déclaré que si Halfdan mettait autant d’énérgie dans ses exercices de magie qu’il en mettait dans ses blagues- et il en mettait beaucoup alors qu’il venait d’arriver à Emeraude- il serait bien plus adroit, surtout lorsqu’il s’agissait de guérison. Malgré tout, le jeune garçon ne changea pas, et la magie de guérison d’Halfdan ne devint pas incroyablement puissante. Elle resta presque nulle.

Halfdan sortit de ses pensées et se saisit du livre que lui proposait Kyky. Il le tenna dans la main droite, le coude appuyé sur la table, et feuilleta de ses longs doigts les pages quelques peu abimées par le temps. Il l’avait déjà lu il y a quelques années, alors qu’il s’intéressait au panthéon. Halfdan n’avait jamais été trop croyant. Il n’allait pas dans les temples, et ne priait pas très souvent. Presque jamais. Ayant été élevé dans le désert, lieu qui n’a pas de divinité particulière, les seuls récits religieux venaient du vieil homme qui leurs racontaient des histoires. Si l’histoire l’intéressait, il vouait aux cultes un intérêt minimum, n’y accordant qu’une importance historique.

Ayant terminé de feuilleté le livre, il le referma rapidement, le reposant devant lui. Il le poussa alors de deux bouts de doigt vers son ancienne propriétaire. Halfdan se passa une main dans les cheveux, remettant en arrière les mèches encore mouillées en arrière. Le jeune homme se surprit à penser que ses cheveux devenaient un peu longs pour lui. Normalement, les mèches arrivaient en bas de la nuque, juste assez longue pour le jeune homme puisse les mettre en arrière, et assez court pour ne pas pouvoir les attacher. Hors, les mèches étaient assez longues pour les attacher. Pour quelqu’un pouvant modifier son apparence corporelle selon son grès, Halfdan ne supportait pas avoir les cheveux naturellement plus long que préférable.

Les lèvres du jeune homme s’étirèrent comme à son habitude en sourire malicieux et espiègle, son ton chaud et presque mielleux.

-Je ne voudrais pas te mêler à tout cela, Kyrïe. On pourrait croire que tout vient de toi…

Si on ne pouvait pas dire que la jeune femme n’avait pas d’humour, elle n’était pas cependant la première désignée quand il s’agissait de trouver le coupable. Et pour ce soir… Halfdan avait quelques idées, bien sûr, mais il n’avait pas encore décidé laquelle allait l’emporter. Il pouvait peut-être coincer Azer dans la table et éloigner toutes les victuailles de sa proximité… Ah non, il l’avait déjà fait. Pour avoir oublié ceci, le froid devait lui monter la tête. Enfin bref, il arrivera sûrement à trouver, il avait quelques heures devant lui. Cependant, il serait amusant de convier sa sœur d’arme à ses interrogations.

Le jeune homme posa une question à Kyrïe, et puis marmonna, ses yeux verts fixant un point qui n’existait pas.

-Sais-tu si Malak a une phobie particulière ? J’ai beau me questionner, je n’ai rien trouvé. Peur des serpents ou des araignées ? … Ou bien Redz… Oui il y a très longtemps que je n’ai rien fait pour lui. Peut-être que je devrais essayer de le faire boire encore une fois… ?

Mais Redz était une cible facile. Tous les hommes de l’ordre savaient qu’il voulait espionner les bains des femmes. Ce qui faisait rire Halfdan, vu qu’il n’était pas difficile pour lui de s’y rendre, même si cela ne l’attirait pas forcément. Sans vouloir faire dans l’arrogance, Halfdan était suffisamment attirant physiquement pour voir des femmes nues, sans avoir à se faufiler quelque part, même si se faufiler était bien sa spécialité. Si Redz n’avait pas encore bu, Halfdan était sûr que s’il essayait vraiment, il arriverait à faire boire au chevalier récalcitrant. Mais bon, il laissait au jeune homme le choix. Halfdan lui-même n’était pas un grand buveur. Il appréciait la saveur du liquide, mais Halfdan aimait contrôler ses faits et gestes. Hors sous l’emprise de l’alcool il était difficile de se contrôler.

Un « eheh » échappa ses lèvres alors que Halfdan imagina Kyrïe sous l’emprise complète et totale de l’alcool. Il l’imaginait surtout rigoler avec entrain, ce qui devrait être assez amusant. Levant des yeux verts émeraude sur la jeune femme devant lui, Halfdan souria.

-As-tu une victime en tête ? Si tu veux, je te dédirais une farce.

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« Me dédier une de tes fameuses farces ? Tu me fais trop d’honneur Alf ! »

C’est en se penchant à travers la table pour récupérer son bouquin que Kyrïe avait lâché ces quelques mots. Sans s’en rendre compte, la jeune femme avait employé un ton dans lequel on pouvait discerner bien plus facilement l’amusement que son ton normal. Ses lèvres s’étaient même étirées en un petit sourire en coin. Ce n’était pas forcément quelque chose de rare, mais ce n’était pas tout le monde qui pouvait se vanter de voir la future femme chevalier amusée. L’entendre rire était rare par contre. Pas que cela lui soit désagréable mais elle ne pouvait tout simplement pas. Il fallait croire qu’elle n’avait pas ce besoin d’extérioriser sa joie par un éclat de rire comme les gens normaux. Et les rares fois où cela arrivait, elle s’arrangeait pour être seule. C’était idiot de rire seule, elle le savait, mais elle n’arrivait pas à se laisser aller, même en compagnie de ses frères et sœurs d’arme qui étaient pourtant les personnes les plus proches. Mais bon c’était ainsi… Quand au surnom, ça aussi c'était sorti tout seul. Il existait depuis longtemps maintenant, mais là encore, Kyrïe n'était pas du genre a appeler les gens par leurs surnoms.

S’installant confortablement sur sa chaise, à savoir, complètement affalée, les jambes croisées, étirées devant elle, les pieds posés sur le rebord en pierre de la fenêtre. Ses fesses avancées sur le devant de la chaise de sorte que son dos ne touche celui de la chaise qu’au-dessous du niveau de ses omoplates. La chaise elle-même était adossée à la table, histoire qu’elle ne recule pas et que la jeune femme ne perde pas l’équilibre et se casse magistralement la figure à cause de cela. La brunette posa le livre dans le creux que formaient le bas de son ventre et ses jambes, l’ouvrit doucement, tourna les premières pages –qui étaient blanches- et fixa son regard sur les premières lignes de texte. Se faisant elle avait repris son expression neutre de toujours et garda le silence un instant, comme si elle était déjà passée à autre chose, ne voulant pas répondre à Halfdan.

Or ce n’était pas du tout le cas. En fait elle réfléchissait à la question qu’il lui avait posée. Est-ce que Malak avait une phobie ? Il lui semblait bien que oui. Elle se remémora alors un évènement où Malak avait été dans une mauvaise posture. La pensée de la scène, fit de nouveau afficher un petit sourire à Kyrîe, durant un très court laps de temps, presque imperceptible. Sans détacher son regard de la page jaunit du vieux livre elle s’adressa à Halfdan.

« Il me semble en effet que Malak ai une phobie. Cela m’étonne que tu ne saches pas de laquelle il s’agit. »

Disant cela, elle avait un instant relevé les yeux pour lancer un coup d’œil à Halfdan. Une autre personne aurait agrémenté cela D’un clin d’œil et d’un sourire. Pas Kyrïe. Mais c’était bien une once de malice qu’il était possible de voir dans ses iris bleu-vert.

« Notre cher blondinet n’aime pas beaucoup les araignées. La dernière fois que je l’ai vu dans la même pièce qu’une de ces petites bêtes à huit pattes, il n’était pas très à l’aise… Ce serait sans doute drôle de voir quelle réaction il aura en en voyant une dans un de ses plats. »

Elle nota une courte pause avant de reprendre :

« Pour Redz, je ne sais pas trop… Il y’a bien un alcool qui ne se sent pas trop si on le mélange à des boissons sucrées mais je ne pourrais plus dire lequel… J’ai entendu beaucoup de personnes dire que c’est une boisson « traître », mais le nom m’échappe… c’est une liqueur il me semble… »

Cette fois-ci, la jeune femme semblait vraiment déçue de ne pas trouver de quoi il s’agissait. Il n’empêchait qu’elle cherchait toujours le nom du fameux breuvage.

« Voir la mine vexée d’Aragëa qui ne peut pas manger son dessert est un coup sûr aussi… Surtout qu’elle risque de ne pas comprendre tout de suite. Sinon je ne vois pas trop… Jouer des tours ne fais pas trop parti de mes habitudes comme tu l’as si bien sous-entendus plus tôt. »

Un bruit attira son attention derrière elle et elle aperçut la silhouette du « nain » disparaître derrière une étagère. Sa réaction se fit immédiate. Elle se renfrogna et poussa un long soupir.

« Et pour « lui » tu ne peux rien faire ? Je ne sais pas moi, comme le bloquer dans un mur dans le fin fond des cachots, là où personne ne se rend et l’oublier là ? Ce n’est qu’une proposition parmi tant d’autres… »

Et oui, quand Kyrïe n’appréciait pas quelqu’un, elle le montrait bien !

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-N’est-ce pas ? Je suis d’humeur généreuse ce soir…

Halfdan sourit à son ami, assez content de lui-même. Après tout il avait réussi à faire en sorte que Kyrie d’Emeraude, femme imperturbable, laisse passer de l’amusement dans sa voix. Le surnom que lui avait donné Kyrie ne le dérangeait pas du tout, étant habitué aux divers surnoms qu’on pouvait lui donner. Et puis, il était facile d’avouer qu’Alf était beaucoup mieux que Kyky. Alors Halfdan trouvait qu’il s’en sortait plutôt bien de cette avalanche de surnom. Ce dernier leva la tête et observa la jeune femme qui lisait paisiblement. Dommage qu’elle ait fait bloqué sa chaise, l’empêchant ainsi de basculer, car il aurait fallu d’une seconde pour que la chaise ne tombe, entraînant avec elle la futur Chevalière. Bien sûr, Halfdan n’aurait jamais fait cela ! Ça aurait pu être dangereux ! Cependant le sourire malicieux qui étirait les lèvres du jeune homme ne faisait pas le moindre doute sur ce qu’il se passait dans sa tête.

Halfdan fit tout son possible pour paraître innocent à la remarque de Kyrie. Il savait que son frère d’arme n’aimait pas les araignées, mais cela serait dommage qu’on lui attribue- à juste titre pourtant – la dernière fois où Malak avait été en compagnie de ces charmantes bestioles. Halfdan imagina la tête de Malak en voyant une araignée dans son plat, puis dans sa tunique. Rien ne valait la sensation des pattes dans le dos.

-Je ne suis pas le plus fin connaisseur pour les liqueurs. Et puis faire boire de l’alcool à Redz… cela ne m’attire plus vraiment. Enfin cela m’attire autant que de faire une blague à Mélodie.

Quant à Aragea, il était simple de lui faire faire n’importe quoi. Bien qu’il appréciait la jeune femme car elle était optimiste et rigolote, Halfdan savait qu’elle avait un côté fleur bleue qui expliquait qu’elle lui saute dessus quelques fois. Non pas que Halfdan n’aimait pas ou avait peur des contacts physiques, mais il avait tendance à se rendre intangible quand il sentait qu’on lui sautait dessus. Et plus d’une fois la pauvre Elfe s’était retrouvée par terre. Enfin c’était quand même de sa faute. Halfdan avouait volontiers que la jeune femme avait une force conséquente, tout le contraire du natif du désert. Et même s’il faisait deux têtes de plus qu’elle, il craignait qu’elle puisse le mettre à terre en se jetant sur lui, ce qui serait très humiliant.

Kyrie ne semblait pas porter le nain dans son cœur apparemment. En même temps tout habitué de la bibliothèque savait que ce nain était très énervant, pour ne pas être plus vulgaire. Il n’avait aucune confiance dans les gens, et insistait pour inspecter l’état du livre à chaque retour. Malgré tout, le nain semblait apprécier Halfdan qui le laissa faire sans s’énerver sa petite inspection. Halfdan mettait cela sur sa forme physique, tout en longueur. Quand on le voyait sans son manteau de cuir- qui lui servait à paraître un peu plus costaud- il était facile de croire que le jeune homme n’avait aucune force, et donc ne pouvait pas faire de mal aux livres. Le fait que les talents de voleur du jeune homme lui servaient à dérober des livres sans être vu aidé aussi. Halfdan mit une main sur le cœur pour apparaître plus sincère.

-Cela pourrait être amusant, cependant nous risquons de nous ennuyer lors de nos prochaines visites s’il n’était pas là. Il nous manquerait beaucoup trop. Mais comme tu ne sembles pas l’aimer, je vais t’aider à t’en débarrasser pendant quelques minutes.

La silhouette de Halfdan changea ensuite, devenant plus petite, plus musclées- en
apparence- avec des courbes, et des cheveux plus longs. En l’espace d’un instant, devant Kyrie se trouvait une autre Kyrie dont le sourire malicieux montrait clairement la personnalité d’Halfdan. Cependant la voix qui sortit de la gorge de Halfdan était bien celle de Kyrie.

- Je te vois ce soir au diner, Kyrie !

S’en suivit un clin d’œil complice, puis Halfdan se dirigea vers la sortie, marchant bien en vue du nain. Ce dernier se précipita pour voir s’il sortait bien. Le nain repartit alors dans son alcôve au fond de la bibliothèque, tout heureux de savoir que la jeune femme était sortie. Enfin !

[RP finis !]

» Les RP's de Kyrïe
» Pfut [pv Kyrïe]
» Absences de Kyrie
» Le bain des pipelettes [Kyrie, Halfdanette]
» Le duel de l'anti-mage [combat pv Kyrie, spectateur Libre]