Aragëa était d’humeur grognonne, préparant ses deux trousses de soins ainsi que le reste de ses affaires qu’elle avait réuni dans deux besaces de voyage en y fourrant vêtements, potions et divers objet plus ou moins utile. Le tout étant préparé, elle sortit de sa chambre et se rendit jusqu’au cuisine afin de récupérer ses provisions pour le voyage –sans oublier son outre de lait de chèvre. La jeune femme continua d’errer dans le château à la recherche de tout et n’importe quoi, finissant par arriver dans les écuries. Là, elle demanda à un palefrenier de sortir sa jument ainsi que son étalon tandis qu’elle allait chercher leur matériel. Lorsque se fut fait, elle pansa avec attention les deux animaux et les harnachas. Elle transféra alors son matériel depuis Armorroch à Anthracyte, constatant qu’elle n’avait toujours pas reprit de nouvelle cape mais possédait toujours la cape de Taliesin dans ses effets… La jeune femme s’interrogea un moment sur lui, le trouvant assez intriguant, mais repris ses esprits et continua de préparer ses bestiaux sans se rendre compte que son frère d’arme était arrivé durant son moment d’absence.
Armorroch quand à lui exprima son mécontentement en baissant promptement les oreilles et rouant légèrement l’encolure. La jeune femme fronça les sourcils et sermonna l’équidé avant de se tourner vers Tristan en disant amusée
« Prêt pour ton premier voyage à dos d’étalon dragon ? »
Elle lui sourit, et commença à expliquer « Armorroch n’est pas une simple monture, tu peux lui parler il comprendra la majorité de tes paroles…Tu risques d’ailleurs de devoir faire quelques compromis avec lui, il ne faut pas oublier qu’il se considère comme étant l’égal des humains avec lesquelles il rivalise au niveau de l’intelligence malgré quelques incompréhension de nos concepts » L’hybride jeta un coup d’œil à l’étalon qui tirait toujours la tête, et continua « Il connait les aides classiques de l’équitation, ce qui te permettra de le monter comme toute autre cheval malgré qu’il risque de choisir de lui-même l’allure et le chemin, laisse le faire tant qu’il reste courtois . Si jamais tu as trop de souci avec lui, tu peux tenter de communiquer avec lui en lui envoyant des images directement dans son esprit grâce à ta télépathie…au pire, contacte moi, je m’occuperais de le résonné »
La jeune femme s’approcha alors de l’étalon, et commença à montrer le matériel qui était toujours accrochée à son harnais « J’ai laissé une bonne partie de mon matériel sur lui, Anthracyte n’étant pas capable de porter tout ça. Tu as avec toi une trousse de premier secours, de la corde, une réserve de nourriture, de la corde, une toile et tout un tas de chose plus ou moins utile » Elle se tourna vers lui et continua « Je pense t’avoirs dis les grandes lignes … ha , j’oubliais, Armorroch peut se passer de manger et dormir pendant trois jours donc force le à s’arrêter et se reposer à rythme régulier car une fois séparé des autres il risque de vouloir prendre son propre rythme »
L’étalon qui de son coté suivait avec attention la discussion fit semblant d’avoir une mine déconfite, il n’avait pas un aussi mauvais caractère ! D’ailleurs, pour le prouver, il ferait le parfait cheval de combat tant que les autres seraient là…Mais une fois seule avec le deux-pattes, se serait à sa façon et c’est tout ! D’ailleurs, il était le plus fort, il gagnerait, et Ara ne le saura jamais !
Elle sourit alors à son amie, puis le laissa faire quelque peu connaissance avec Armorroch tandis qu’elle-même finissait de préparer sa jument. Constatant que la plupart de ses frères et sœurs d’armes étaient déjà parti à contratio d’elle-même, en retard comme son habitude, elle se dépêcha d’aller mettre son armure de parade bien qu’elle la trouvait trop encombrante et grimpa sur Anthracyte. Soupirant un moment, alors qu’elle se languissait déjà d’Armorroch, elle mit la jument en avant et partit en direction du royaume des fées. Le trajet était d’ailleurs très court par rapport à ses frères et sœurs d’armes devant traverser bien plus de royaume qu’elle-même, d’ailleurs, elle se permit d’avancer par longue période de trot malgré que cela rallongerait son voyage d’une demi-journée. En comparaison, elle rentrerait toujours plus tôt que les autres.
Se sachant en mission officielle, elle resta droite et fière en arborant son armure –sans sa cape- et prit exclusivement des chemins traversant les champs, les villages et zone habitée au lieu de la forêt qu’elle aimait tant. La matinée s’écoula sans encombre, tandis qu’elle saluait toutes personnes rencontrées en chemin, et elle décida de s’arrêter aux abords d’un ruisseau pour manger. Elle choisit l’ombre d’un arbre assez jeune, une cinquantaine d’année tout au plus, et laissa vagabonder la jument après avoir tiré sa pitance de ses sacoches. Elle commença d’ailleurs par les vivres les plus périssables, soit les fruits et le lait, grignotant à son aise alors qu’elle s’imprégnait des lieux. Un bruit attira alors son attention, et elle tourna le regard vers la pâture qui se trouvait non loin. Elle sourit, et se leva alors en s’approchant d’un regroupement de mouton d’où dépassait un bâton qui tenait mystérieusement tout droit. La femme chevalier s’accroupit alors, et faisant s’écartant deux moutons entraperçu un garçon qui devait avoir huit ans tout au plus, celui-ci rougit d’ailleurs violement lorsque l’hybride lui sourit en disant
« Bonjour toi, pourquoi te cacher en une si jolie journée ? »
Le gamin bredouilla alors, elle se releva quelque peu honteux, non sans parvenir à quitter des yeux l’armure étincelante de la jeune femme. Hésitant, il finit par demander d’une voix empreinte d’admiration
« Vous-êtes un chevalier ? Un vrai de vrai ! » L’hybride acquiesça alors, arrachant un sourire resplendissant au gamin qui reprit de plus belle « Hourra ! Mon grand-père il me parlait toujours des chevaliers ! Ils disaient qu’ils étaient magicien ! et plus fort que tout le monde ! Puis qu’ils avaient aussi des chevaux ! et et et »
L’hybride rit de plus belle, et lui proposa de lui raconter tout ça en partageant son repas avec elle. Le gamin fou de joie accepta, et suivit la femme chevalier en continuant de piailler comme un poussin. Tout se passa bien durant de longue minute, le petit posant mille et une questions sur les oreilles pointues de la jeune femme. Il ne pouvait en voir la queue car celle-ci était volontairement cacher sous une longue tunique. Mais quand il remarqua les griffes sur les doigts de l’hybride alors qu’il voulut prendre le même fruit qu’elle, il prit peur, bredouilla une excuse et s’enfuit littéralement avec son troupeau sans même se rendre compte de la tristesse qu’il venait de causer à la femme chevalier. Elle venait de durement se rappeler que ses différences faisaient toujours peur à certain…
La jeune femme était repartie aussi tôt, prenant des chemins moins peuplé, et s’arrêtant volontairement au milieu de la forêt lorsque la nuit fut venue. Elle installa un camp sommaire, fit un feu, et s’endormit sans la moindre crainte. Artecil veillerait cette nuit, mais elle aurait à le porter durant une partie de la journée du lendemain… a un moment cependant, le faucon l’éveilla, inquiet, la jeune femme sonda alors les environs et sentit la présence de deux loups sans plus chercher à toucher leur esprit ou quoi que ce soit d’autre. Afin de rassurer l’oiseau, et de s’assurer que les loups n’approcheraient pas, elle raviva le feu et le chargea généreusement de bois avant de se recoucher en disant à son ami à plume
« Ils n’approcheront pas… continue de veiller, mais soit rassurer »
L’oiseau piailla à nouveau, mais reprit son envol jusque son poste d’observation alors que sa maitresse se recouchait aussi vite, la présence de loup ne la dérangeant en aucun point. Sa nuit fut cependant à nouveau coupée, mais cette fois-ci elle avait croisé un certain loup dans une situation plutôt cocasse…
Au matin, elle reprit sa route après un bref repas et attendit d’être certaine de sa solitude pour s’arrêter un moment et se purifier dans les eaux cristallines d’une rivière. Le reste de la journée se passa sans encombre, avançant d’un petit trot entrecoupé de galop car la frontière n’était pas loin, elle voulait y arriver avant la soirée pour ne pas perdre plus de temps. Ce fut d’ailleurs un peu plus tard que ce qu’elle avait estimé, soit au moment où le soleil commençait à doucement être moins présent, qu’elle arriva dans cet étrange pays qu’était celui des fées. La demi-elfe qui tenait toujours contre elle le rapace endormit ne savait plus où porter ses yeux, elle trouvait ce pays merveilleux ! Tout était si beau, si grand, si colorer et si étrange ! Si seulement elle pouvait rapporter quelque coquelicot géant pour égayer le château d’émeraude…