Une lecture intérrompue (PV Cassiopée)

Une seconde d’inattention et le jeune homme fut en mesure de sortir de sa torpeur dans laquelle la lecture l’avait plongé. Passant délicatement ses fins doigts sur ses paupières de manière à effectuer un léger massage, Hayden était maintenant aux aguets de ce qui se passait dans les environs. Ses sens captèrent une sensation, un regard qui semblaient être perchés sur lui depuis un bon moment. Alors que son cœur recommençait à reprendre un rythme normal, celui-ci commença à pomper de plus en plus. Plus un son n’était audible, le lecteur n’entendait que son cœur qui frappait de plus en plus fort et de plus en plus vite. Que faire dans une telle situation? Il ne le savait guère. Son instinct lui disait simplement de surprendre la personne qui le surveillait avant que celle-ci ne le surprenne. C’était donc une situation de chasse ou fait toi chasser.

Un léger craquement de plancher se fit entendre, comme si c’était le signal de départ. À ce moment précis, Hayden referma son livre promptement et tourna sa tête vers le sol à sa gauche. Effectuant cette légère feinte avec un peu trop de vigueur, il tourna ensuite la tête vers la droite et se retourna subitement pour faire face à sa source de stress. Une jeune femme, c’est tout ce qu’il put distinguer dans la lumière actuelle. En plus, il n’avait guère le temps de concentrer ses yeux sur l’objet de ses inquiétudes l’empêchant ainsi de relever des traits caractéristiques précis. S’il mettait trop de temps à ce qui avait attrait à l’identification, il risquait de se faire interpeller en premier. Une position défensive n’était nullement souhaitée dans la situation ci-contre. Rien qu’en y pensant, sa gorge se nouait. La situation était si étrange. Après tout, ce n’était pas comme s’il était en train de commettre un crime. Or, le contenu de ce livre semblait si précieux et sacré qu’il était complètement hors de lui. Son cœur continuait de pomper comme des chevaux en constante accélération. N’y avait-il pas une fin à ce stress incessant? La réponse risquait de venir bientôt.

Désireux de ne pas finir sur la défensive et par conséquent en queue de poisson, Hayden se téléporta tout juste derrière l’ombre humaine qu’il avait distinguée lors de son rapide coup d’œil. Il était dorénavant derrière la silhouette féminine soyeuse qu’il semblait avoir déjà vu. Or, il faisait un peu trop noir pour qu’il puisse reconnaître où il avait pu distinguer ses traits. Quant à la lampe, elle était trop loin pour qu’il puisse voir quoi que ce soit qui lui permettrait de répondre à ses questions. D’un bref geste, il amena sa main sur le dos de la jeune femme de manière calme. Il ne voulait pas causer un effet de surprise plus brusque qu’il allait l’être.

-Qui êtes-vous et pourquoi m’épiez-vous?

Ses questions étaient brèves et précises. Son cœur commençait à décélérer un peu alors que son cerveau s’était porté volontaire pour prendre le poids du stress. Ses méninges commençaient à travailler en tentant d’évaluer les multiples possibilités qui s’offraient à lui. Dans tous les cas, il était en position favorable même s’il s’était fait prendre dans une position compromettante. C’était à savoir si la femme devant lui savait dans quelle circonstance elle avait surpris le jeune homme. Quoi qu’il en soit, le séisme intérieur du mage était bien trop important en ce moment et il le savait. Il devait trouver un moyen de contenir toute cette tension.

-Je tiens juste à m’assurer de votre identité et de vos intentions…?

Pour faire suite à ses dernières paroles, une interrogation se posait. À qui la question était-elle destinée? Il fallait dire que les deux étaient gagnants, mais Hayden le premier. La situation était si tendue qu’elle en devenait presque effrayante. Les fractions de seconde qui ne cessaient d’augmenter en attente d’une réponse ou d’une réaction semblaient infinies. Tout ça, pour s’être fait surprendre à lire un livre. Où était la logique là-dedans? Le mage en provenance de Fal ne le savait guère, la seule chose qui lui traversait l’esprit était de protéger ce livre le plus possible. Cette source d’envoutement était si vive qu’il n’allait laisser personne s’en emparer. Ce bouquin était sien et bien qu’il ne comprenait pas l’intensité de ce désir de possession qui l’animait, il continuait de le stimuler en resservant quelque peu sa poigne sur le journal