Shadows of Eons Past

Un épais nuage flottait dans l'air, tel un brouillard qui refusait de disparaître malgré la présence insistante du soleil. C'était un nuage épais et sec, poussiéreux même. La lumière du jour qui l'illuminait lui donnait un apparence de terre et de suie. S'y tenir piquait la gorge et mouillait les yeux malgré toutes les précautions possibles. L'hybride en fit justement l'expérience tandis que son esprit lui revenait et qu'il prenait une grande inspiration.

D'abord couché, il venait de se redresser avec violence. Tout son corps le fit souffrir et une quinte de toux lui prit la gorge en otage. Il plaça sa main devant sa bouche par réflexe, jusqu'à ce que la toux s'estompe. Sur le revers, expulsé de sa gorge, il fit un mélange de sang et de poussières. Cela augurait mal. Le seccyeth toussota un peu plus en jetant bien que mal un coup d’œil autour de lui. Bien qu'il n'avait pas encore dit mot, ceux-ci lui manquèrent. Tout autour de lui, masqué partiellement par l'épais nuage de poussière, se trouvait un champ de bataille. Celle-ci avait visiblement été brutale. Le géant analysa de son mieux ce que ses yeux fatigué et larmoyant lui permettait de voir.

Partout gisaient des corps mutilés, démembrés et oubliés. Le sang s'était mêlé à la terre si bien que même la rouille n'avait rien à envier à la couleur du sol. L'Irian reconnu des corps de Tanieth et d'Enkiev, de dragons et de chevaux. Autours des cadavres et parmi eux se trouvait de corbeaux, forts contents du festins morbides qui s'offrait à eux. Ils visaient principalement les yeux, ou encore ce qu'il y avait au fond des orbites vide de leur banquet étendu. Les oiseaux éviter certains corps, voir certains endroits. Il y avait, après tout, plusieurs feux qui contribuait au nuage de saletés. Ces lueurs fantomatique, éparpillées par delà la brumes de poussières, semblaient presque irréelles.

À en juger l'état des lieux, le blond eut soudainement un pincement au ventre et observa son propre état.

Il était entier. Il était entier, mais pas sans blessures. Du sang coagulé recouvrait la moitié de son corps, à commencer par son visage.

Immehur tenta de se redresser d'avantage afin de se relever. Ce fut bien vain, mais pas sans peine. Une nouveau pincement le prit au ventre, bien plus aiguë cette fois. Il décide d'investiguer, relevant sa tunique tâchée et troué pour observer son abdomen. Ce qu'il découvrit, il aurait préféré ne pas voir. Un fer de lance était loger dans son ventre, transversalement. Cela aurait pu être superficiel, mais la pointe semblait beaucoup plus profonde que ce avec quoi le guerrier aurait été confortable. Le manque de l'arme avait été brisé avec force possiblement par lui même, question de s'offrir une plus grande liberté de mouvement malgré cet handicape évident.

Il avala sa salive, le peu qu'il avait. Il s'agissait plus d'un mélange de poussière et de sang, ce qui n'avait pas encore coagulé sur sa personne. Défait, il s'allongea à nouveau sur le dos avec toute la délicatesse possible. Il prit ensuite une inspiration aussi grande que possible et se retourna sur le côté, s'arrachant à lui-même un grognement de douleur au passage. De là, se placer sur le ventre, ou plutôt à quatre pattes, était sa prochaine étape. C'est une étape qu'il effectua avec brio. Enfin, de sa position presque bestiale, il replia une jambe ne gardant qu'un unique genoux contre le sol gorgée de sang.

Un nouvelle quinte de toux le fit trembler de tout son être alors que des larmes de douleurs coulaient le long de ses joues. La tête basse, son regard croisa la flaque grandissante de liquide vermeille sous son ventre. Avec tout ces gigotement, il venait bien sûr de se ré-ouvrir l'estomac. Il n'avait toutefois pas l'intention de s'arrêter là, tant et aussi longtemps que la vie l'habiterait.

Il appuya donc ses deux mains sur son genoux droit et poussa, tirant sa grande taille contre la gravité qui forçait sans cesse afin de le remettre contre terre. Il tituba, manquant de tomber à nouveau, mais réussit à se rattraper. Il avait déjà placer ses deux mains sur sa blessure pour tenter de ralentir la perte de sang. Il fit ensuite un pas en avant, puis un deuxième. Il ne savait pas où il était ni où il allait, mais s'il bougeait, au moins, il n'était pas mort.